samedi 30 avril 2011

J’aime à toi


 

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Qui es-tu, toi qui n’es, ne seras jamais moi ni mien? Je t’écoute comme la révélation d’une vérité irréductible à moi. Tu m’as saluée, reconnue. Tu interroges tes limites. Je te donne du silence où le futur de toi – et peut-être de moi avec toi – peut émerger et se fonder.

Je ne m’approche pas immédiatement de toi. Je ne te connaîtrai jamais de manière absolue. Je laisse de l’air, de l’espace, de mystère autout de nous. Eveillée à toi, recueillie, j’invente des paroles qui te touchent de leur souffle sans t’enlever à toi. Cet abord intransitif cherche aide auprès de l’univers, de la beauté, de la sagesse, de l’Histoire. En cette oeuvre déjà, j’aime à toi.

Puisse ce <à> garder l’intention entre nous encore et toujours vive, berceau de l’être que notre transcendance l’un à l’autre enfante.

Luce Irigaray  J’aime à toi

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